Ras le bol des blogs bienveillants ?
On peut se sentir parfois dépassé, agacé, exaspéré par les centaines de blogs et d’articles qui parlent d’éducation bienveillante « Comment-faire-pour-bien-faire ». Une maman a écrit récemment sur les réseaux sociaux son ras le bol de « l’éducation positive ». Son post a eu un franc succès et a été partagé des centaines de fois. Il est vrai que le job de parent n’est pas de tout repos. Chacun fait comme il peut, ou comme il veut, dans l’environnement dans lequel il vit et souvent en voulant bien faire pour l’intérêt de l’enfant.
Des blogs qui donnent des clés pour aider …
Dans ces blogs « bienveillants », beaucoup d’outils sont partagés. Comment accueillir les émotions des enfants, comment leur parler avec respect, comment développer la coopération, leur confiance en eux, comment les aider dans leurs apprentissages etc… Il y a des parents qui sont à la recherche de ce type d’informations et pour qui ces outils peuvent faire une vraie différence au quotidien. Ces blogs sont souvent centrés sur les besoins de l’enfant.
et où chacun reste libre de choisir et de faire
Cet article n’a la volonté de dire « La bienveillance est mieux car … » ou « Vous avez raison, ras le bol de nous parler du monde magique de super maman qui n’est pas le mien« . Chacun est libre de lire et faire ce qu’il veut. Mais cette actualité permet d’aborder le sujet de la place du parent.
La pression de « réussir » l’éducation des enfants
Dans une société où tout est mesuré, comparé et où le facteur de réussite est omniprésent (à l’école, dans les études, au travail, dans les activités sportives, sa vie affective, amicale … ). A cela s’ajoute sur les épaules des parents, la pression de « la réussite » de l’éducation de ses enfants.
Des blogs qui peuvent être en décalage avec notre propre quotidien
« On a tous envie de bien faire », et il est vrai qu’après une mauvaise journée passé, ces blogs « bienveillants » peuvent sembler en total décalage avec notre quotidien. « L’enfant fait mieux quand il se sent mieux » mais il en va de même pour l’adulte. Où est la place du parent dans tout cela ?
A une époque où notre rapport au temps a considérablement changé, où l’on parle de charge mentale et de burn out, le sujet commence a être abordé. De plus en plus de parents témoignent de ce décalage entre ces lectures et la vie quotidienne. La sortie du dernier livre d’Isabelle Filliozat « Il n’y a pas de parent parfait », ainsi que le dernier « Cool Coaching : s’aimer pour mieux rayonner » de Charlotte Ducharme de « Cool Parents make Happy Kids » vont dans ce sens. Rééquilibrer la place du parent au coeur de l’éducation des enfants, s’écouter, se respecter et prendre soin de soi.
La Discipline Positive, une méthode qui équilibre la place de l’enfant ET celle de l’adulte
Je souhaitais vous partager ce qui m’a poussé à transmettre la Discipline Positive. J’ai choisi cette méthode car au delà des résultats mesurés (depuis 1950 aux Etats-Unis), c’est une méthode très équilibrée. Elle permet d’allier à la fois la bienveillance, c’est à dire comprendre le monde de l’enfant, ses émotions et son développement, mais – ET – surtout parler de fermeté. On entend par fermeté, le respect du cadre c’est à dire la Loi, les situations et … le monde de l’adulte.
La bienveillance serait-elle plus vendeur ?
On peut se demander alors pourquoi autant d’articles sur le sujet de la bienveillance et si peu sur la fermeté ? Il est peut-être plus facile de lire un article sur « les 50 phrases à dire à son enfant pour développer la confiance en soi » qu’un article sur “Comment je pose une règle avec mon enfant et la fait respecter”.
La juste fermeté, sans partir dans l’autoritarisme, demande aux parents d’avoir les ressources nécessaires au moment où il faut faire respecter la règle et de tenir face à son enfant. Cela demande aussi de tenir dans la durée car il est bien connu qu’un enfant reste un enfant et teste toujours la limite du cadre posé. C’est d’ailleurs la solidité de ce cadre qu’il lui donne un sentiment de sécurité.
L’apprentissage se fait aussi par la répétition, et c’est cette répétition qui peut être épuisante pour le parent. (Petite précision, j’entends ici par répétition, non pas le fait de répéter 10 fois à table quand c’est l’heure de manger mais qu’une règle tenue un jour sera probablement non tenue le lendemain).
« Les excès ne sont jamais bons »
Comme dans beaucoup de situations, il s’agit souvent d’une question d’équilibre. On connaît tous les effets positifs de la bienveillance, tels que l’empathie, l’ouverture aux autres, l’écoute, le partage mais trop de bienveillance peut aussi développer du laxisme et de la permissivité, le manque de coopération. On a déjà fait l’expérience des effets positifs de la fermeté, le respect des règles, la politesse, la coopération et trop de fermeté peut aussi développer de la rébellion, de la révolte ou le retrait.
Les « trop de » amènent plus souvent de nouveaux défis dans le quotidien. Par exemple (je caricature un peu les situations volontairement) : un enfant pour qui on range toujours ses affaires (trop de bienveillance), n’aura probablement pas envie de les ranger le jours où on lui demandera. Un enfant que l’on aide jamais (trop de fermeté) n’aura probablement pas envie de rendre service puisque personne ne l’aide jamais…
Le bien être du parent nécéssaire à l’équilibre de la famille
Le respect des besoins du parent est aussi nécessaires pour l’équilibre de la famille que le respect des besoins de l’enfant. Lorsque le réservoir d’énergie de l’adulte est vide, il est beaucoup plus difficile de faire tenir les règles, d’enseigner des compétences à son enfant avec respect.
L’âge de l’enfant va bien sûr jouer sur l’équilibre besoin enfant/besoin adulte. Le petit bébé dépend complètement de ses parents pour répondre à ses besoins primaires tels que manger, être changer, dormir, être en sécurité. Ces premiers mois sont d’ailleurs souvent épuisants pour les parents.
Mais le parent a aussi la possibilité de faire entendre ses besoins, d’exprimer ses sentiments. Et oui, on peut se sentir fatigué, dépassé et oui on a le droit de le dire, tout va être dans la manière de s’exprimer. Jane Nelsen parle d’honnêteté émotionnelle, dire ce qu’on l’on a sur le coeur et non faire semblant d’aller bien si ce n’est pas le cas. Les enfants ressentent si nos paroles sont en accord avec nos actes. Ainsi, un enfant qui réclame une Xième histoires le soir alors qu’on ne souhaite qu’une chose, qu’il soit couché pour enfin souffler … Il est possible de lui partager nos sentiments : « Tu sais ce soir, je suis vraiment fatigué, je t’aime et j’ai besoin d’aller me reposer en bas. Nous lirons une deuxième histoire demain. Tu veux un bisous ou un câlin avant que je descende ? »
« On fait mieux lorsqu’on se sent mieux »
C’est ce juste équilibre de respect du besoin parent/enfant qu’offrent les nombreux outils de La Discipline Positive : poser une règle, tenir une limite, savoir dire « non », accueillir et comprendre les sentiments de son enfant, mieux se connaître en tant que parents pour faciliter les relations familiales, exprimer ses besoins avec respect, savoir prendre soin de soi…
Et oui le changement demande du temps, et oui tout ne marche pas à tous les coups. Restons bienveillant avec nous même, donnons-nous du temps à nous aussi pour acquérir de nouveaux outils ou la liberté de ne pas les utiliser. Nous avons tous en nous naturellement des côtés bienveillants et des côtés fermes, appuyons-nous sur ce que nous avons déjà en nous avons. Comme le disait Dreikurs, Père fondateur de la Discipline Positive “On fait mieux lorsqu’on se sent mieux”. Prenez, soin de vous.
– Delphine –